Journée d’études. Religion et diplomatie. Principes et expériences de l’action culturelle de la France au XXe siècle

Les Universités de Paris 1  et Paris 10 (UMR 8138 Irice et UMR CNRS 7220 ISP) organisent le vendredi 13 décembre 2013 une journée consacrée à l’étude de la diplomatie religieuse de la France.

Elle se tiendra à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon (Paris 5e), salle 1, de 9h à 17h30.

En 1905, la République décidait, unilatéralement, de rompre le Concordat, dénonçant ainsi ses obligations envers l’Église. Le « discordat » (G. Clemenceau) qui s’ensuivit a été largement analysé par les historiens, et jusque dans les commémorations récentes de la Séparation, la question des lendemains laïques et des fondements culturels de la République fut un thème fécond pour la recherche. Mais dans la foulée d’un Gambetta, qui n’entendait pas faire de l’anticléricalisme un article d’exportation, la République a entendu préserver, au sein de son action extérieure, une dimension religieuse. Autrement dit, l’outil religieux n’a jamais été délaissé, même si la Séparation a imposé de le refaçonner, ou du moins d’en préciser l’usage. Des vestiges du protectorat catholique – officiellement dissous en 1924 – au titre de chanoine de Saint Jean de Latran, que Nicolas Sarkozy, venait, en tant que président de la République, quérir avec une certaine ostentation à Rome en 2007 et que François Hollande en 2012 n’a pas décliné, la France a su promouvoir une diplomatie religieuse, reflet, parmi d’autres d’un soft power à élaborer. De 1905 à nos jours, la République laïque a-t-elle encore une âme ?

C’est l’objet de cette journée d’étude, consacrée à la diplomatie religieuse française au temps de la Séparation : loin d’être le vestige d’une diplomatie d’ancien régime, la diplomatie religieuse s’insère dès 1905 dans une diplomatie culturelle naissante qu’il est désormais possible d’analyser. Question « avant tout nationale » selon Aristide Briand, la question religieuse ne devait pas s’immiscer dans les enjeux de puissance. Pour cela, il peut être intéressant d’observer, dans un premier temps, l’appareil diplomatique sous l’angle, sinon de la foi, du moins de la fidélité à une tradition autant que de l’intérêt bien compris. Les diplomates, en tant qu’individus, voire en tant que corps, sont les premiers acteurs d’une diplomatie religieuse qui, parfois, ne dit pas son nom. À cet égard, les noms de Jacques Maritain, ou encore Jean-Marie Soutou, interprètes attendus d’une diplomatie qui sollicite le sacré, ne doivent pas dissimuler un courant sans doute plus large au sein du Quai d’Orsay. Plus largement, les institutions diplomatiques – en particulier le service des œuvres – surent-elles gérer cet héritage, et se le réapproprier ? La question institutionnelle – traitée sur le temps long – suppose de se pencher sur certains cas particuliers, et de sortir de l’espace national : un détour par Rome s’impose ne serait-ce que pour saisir les modalités de la reprise des relations diplomatiques en 1921. Mais plus largement, il faut, pour discerner sinon une politique, au moins des tendances, dans le monde colonial ou post-colonial, et plus largement, dans les aires où la présence française entend s’affirmer. Quels sont les principes de cette diplomatie ? Quelles sont ses réalisations et en quoi, au final, l’outil religieux s’insère-t-il dans les relations internationales ?

Programme

 9h15 – accueil des participants et introduction générale (Gilles Ferragu et Florian Michel).

 

9h45 – Cadres et principes de l’action culturelle de la diplomatie française

Présidence : Robert Frank, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne.

Isabelle Dasque, Université de Paris 4 Sorbonne : Religion et culture diplomatique à la Belle Époque.

Stanislas Jeannesson, Université de Nantes : Le  Service des Œuvres du Quai d’Orsay et les questions religieuses dans l’entre-deux-guerres.

Pierre Vermeren, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne : Religion et diplomatie: la France, le catholicisme et l’islam dans le cadre du protectorat tunisien de 1881 à 1930.

11h-11h15 : discussion générale.

11h15-11h30 : pause.

Olivier Sibre, professeur agrégé, docteur : Louis Canet et les “protectorats religieux” de la France : mise en perspective historique de l’expertise du conseiller technique des affaires religieuses à l’heure du pôle “Religions” du Quai d’Orsay.

Gilles Ferragu, Université de Paris Ouest Nanterre : « Il faut sauver le protectorat catholique ! »

Christophe Bellon, Université catholique de Lille : La question laïque, au Quai d’Orsay d’Aristide Briand (1921-1922; 1925-1932).

Dominique Trimbur, chercheur associé au Centre de recherches français à Jérusalem : Les Lieux saints de Palestine comme préoccupation de la politique extérieure française (1917-1948).

 

12h45-14h : Pause déjeuner.

 14h – Expériences de la diplomatie culturelle

Présidence : Pascal Even, Ministère des Affaires étrangères.

Mathieu Jestin, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne : La France laïque, ”fille aînée de l’Eglise” en Macédoine, de l’Empire ottoman à la Grèce, 1900-1920.

Anne-Sophie Nardelli-Malgrand, professeur agrégé, docteur : La protection par la France des intérêts catholiques en Europe centre-orientale, 1918-1939 : l’adaptation d’une diplomatie à de nouvelles contraintes.

Florian Michel, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne : La diplomatie religieuse de la France en Amérique du Nord (1905-1950).

Thomas Vaisset, Service Historique de la Défense : L’amiral d’Argenlieu, carme et plénipotentiaire gaulliste.

15h30-15h45 : Discussion générale.

 

15h45-16h : Pause.

16h – Prélats et cardinaux dans la diplomatie française

Présidence : Stanislas Jeannesson, Université de Nantes.

Jean-Marc Ticchi, EHESS : Mgr Baudrillart entre Curie, Gouvernement et Parlement, 1914-1922.

 Pascal Even, Ministère des Affaires étrangères : Les autorités françaises et le Cardinal Rodrigue Villeneuve, archevêque de Québec dans les années 1930.

16h45-17h : discussion générale.

17h – Laurence Badel, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne : Conclusions.

Programme Colloque Religion et Diplomatie

 

 

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