Appel à communication. Religions et Covid

L’AFHRC signale l’appel à communication porté par François Hourmant (science politique, Université d’Angers), portant sur Religions et Covid. La crise sanitaire comme épreuve et comme révélateur, un colloque qui se tiendra le 4 février 2021 à Angers.

Temps d’épreuve(s), la crise du Covid a affecté les religions et les fidèles. Les mesures restrictives décidées en France (et dans de nombreux pays du monde) par les autorités politiques puis la pratique du confinement ont suspendu les liturgies et notamment les fêtes, moments importants de ferveur collective dans la vie des croyants (Pâques, le Ramadan…), leur imposant d’autres formes de célébration.
En se développant, l’option numérique (de la prière à la confession en passant par la prédication) a renouvelé les modalités des rites religieux, impulsant (durablement ?) une consommation numérique des biens symboliques de salut sans totalement supplanter l’aspiration aux formes plus conventionnelles.
Face aux interdits politiques, souvent relayés par les instances religieuses apportant leur contribution au travail de prévention et de lutte contre la pandémie, des célébrations clandestines se sont toutefois déroulées, constituant autant de résistance à la limitation de la liberté de culte et de défi au péril sanitaire, contribuant éventuellement, par le respect inégal des « gestes barrières », à la propagation du virus.
Le pic de mortalité et les conditions drastiques de célébration des enterrements ont modifié l’économie des rituels funéraires mais aussi l’accompagnement (le secours aux mourants), le réconfort matériel et spirituel des familles et, plus largement, la pastorale.
En lien avec toutes ces pratiques (aménagées et réinventées), la crise du Covid a également été propice à un travail d’exégèse. Ici encore, des interprétations, variables selon les différentes confessions et les courants, ont surgi pour tenter d’expliquer ce phénomène et lui donner du sens. Punition divine pour certains (colère de Dieu, annonce du Jugement dernier), elle a pu être perçue comme la réponse à la culpabilité supposée d’une population. Elle a alimenté des discours eschatologiques et messianiques, parfois instrumentalisés à des fins politiques.
Symptôme de la progression de l’athéisme ou de dérèglements moraux, la pandémie a été en effet le théâtre d’une revitalisation des liens entre politique et religion. En Amérique latine ou aux Etats Unis, Dieu été invoqué et enrôlé par un certain nombre de gouvernants, y compris dans des Etats laïcs, pour protéger (et surtout unir) la nation et la population et/ou pour masquer leur impuissance ou leur incompétence mais aussi pour cultiver, comme le fait Donald Trump, des liens privilégiés avec certains segments de leur base électorale. En ravivant des tensions confessionnelles, la crise a aussi pu fonctionner comme révélateur (et accélérateur) des cristallisations géopolitiques.

Le colloque se propose ainsi de dresser un état de lieux des positions des religions sur la crise du Covid et ses enjeux. Confrontées à cette situation inédite, comment les autorités religieuses ont elles géré (sur le plan théologique, symbolique, médiatique et politique) cette situation ? Comment se sont-elles adaptées ? Quels discours et quelles représentations ont-elles aussi véhiculés et quelles furent les réceptions différenciées auprès des fidèles selon les confessions, selon les aires géographiques et culturelles, sociales et politiques ? Comment, à travers les récits, les représentations et les discours mais aussi les rituels et les gestes symboliques se sont révélés les dogmes et éprouvées les pratiques ? En somme, que nous dit cette crise de la place et du rôle des religions dans les sociétés en voie de sécularisation et/ou sécularisées (mais aussi dans les sociétés caractérisées par l’emprise de la religion sur le pouvoir d’Etat) afin d’appréhender le poids des pratiques culturelles et cultuelles dans la gestion de la crise sanitaire.

Trois axes seront abordés dans le cadre de ce colloque (quelques thèmes sont ici simplement suggérés) :

1. Discours et représentations

Discours eschatologiques et pensées millénaristes
Le discours des autorités religieuses et ses conséquences
La gestion discursive de la pandémie par les religions
Discours religieux / discours scientifique

2. Rites et pratiques

L’encadrement juridique des liturgies et la question de la liberté de culte
Les aménagements des rituels religieux
Dieu, internet et la foi : vers une consommation numérique des biens symboliques de salut ?
La pastorale auprès des familles (des victimes)
La crise comme épreuve(s)
Les religions : vecteurs ou obstacles à la diffusion de la pandémie ?

3. Religion et politique

Les usages politiques de la religion : en Amérique latine, aux États-Unis….
Religion, politique et populisme
Des réceptions confessionnelles mosaïques ?
Le poids de la religion sur le politique (les Eglises comme groupe de pression)
Enjeux géopolitiques et religieux

Les propositions de communication doivent être faites avant le 31 octobre 2020.

Contact :
François Hourmant, professeur de Science politique, Université d’Angers, francois.hourmant[a]univ-angers.fr.